Laurent Cennamo

Poète, né à Genève en 1980 où il étudie la littérature et l’histoire de l’art. Son mémoire de licence portait sur les récits de rêve dans l’œuvre de Philippe Jaccottet. Il a publié plusieurs recueils poétiques : Rideaux orange (éd. Samizdat, 2011), couronné par le Prix de l’Académie romande et le Prix Pittard de l’Andelyn 2012. Pierres que la mer a consumées (éd. Samizdat 2013), avec pour sous-titre : notes sur la peinture de mon père, a été distingué par le Prix Terra Nova 2014 de la Fondation Schiller. À celui qui fut pendu par les pieds (La Dogana, 2014). Vite, avant qu’ils disparaissent (Le Miel de l’Ours, 2016). FH (Samizdat, 2016). Les angles étincelants (La Dogana, 2017). L’herbe rase, l’herbe haute (éd. Bruno Doucey, 2018

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Enfant, Skeletor
est celui qu’il préfère. Sa capuche violette,
il l’aime, comme il aime se cacher derrière
le canapé bordeaux que son père déplace
pour peindre. Le bruissement du papier kraft,
les rides profondes. Le tapis aux longs poils
roulé un peu plus loin. Musclor l’ennuie,
avec ses muscles, sa culotte en peau de chèvre
le fait rire. Lui : Skeletor, les yeux
qui sortent de leurs orbites quand on pousse
une manette dans le dos, ou cet autre, hérissé
de piquants. Au pied du buisson de roses,
ou suspendu à une branche, ou rien
qu’une main, un bras violet dépassant
de la montagne de terre qu’il a faite sur eux,
avec délices, s’effondrer. Creuser,
il le sait déjà obscurément, sera
sa vie, écrire chercher l’épée
fluorescente.

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Extrait de Skeletor